Où sont exploités les enfants?

Où sont exploités les enfants? - Amérique Latine

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En Amérique Latine, 17,5 millions d’enfants travailleraient pour survivre dont 60% tournés vers le secteur agricole. Mais au-delà de l'agriculture familiale, les grandes exploitations ont largement puisé dans la main-d'œuvre enfantine. Sur tout le continent, des enfants sont présents dans les plantations de canne a sucre, d'hévéas, de tabac ou de café, et dans les grands vergers tournés vers l'exportation. Selon le BIT, le secteur économique structuré n'emploierait pourtant que moins de 10% des enfants actifs. On les trouve dans les chantiers de construction et les briqueteries, et dans l'industrie manufacturière, qui est comme l'agriculture, en grande partie consacrée à l'exploitation.

En République Dominicaine, de jeunes ouvriers agricoles sont " importés " d'Haïti.
En Colombie, il serait entre 800 000 et 3 millions d’enfants actifs. La culture de fleurs pour l'exportation, qui s'est développée dans les années quatre-vingt-dix, emploierait également des enfants. Une forte proportion des employés des mines de charbon - dont beaucoup sont exploitées sans licence - sont d’ailleurs des enfants de sept à dix ans. Ceux qu'on surnomme les " enfants taupes " rampent dans des boyaux étroits et mal éclairés, souvent sans casque ni matériel de sécurité, dans des conditions harassantes.
Au Brésil, de 7 à 12 millions d’enfants seraient actifs. Certaines estimations avancent jusqu'à 3 millions d'enfants dans le secteur agricole, dont 60 000 dans les champs de canne à sucre où ils constitueraient un quart des effectifs salariés. Les enfants sont également employés dans les fours à charbon de bois, sur des sites disséminés dans la forêt brésilienne. Souvent dans un état de malnutrition avancé, ils sont assujettis au travail douze heures par jour, sous la surveillance de gardes armés. Les tentatives de fuite sont souvent réprimés violemment et cela peut même mener à la mort. De milliers d'enfants sont employés pour la production de chaussures dans les petits ateliers proches de Sao Paulo. La présence d’enfants surveillés par des gardes armés a aussi été découverte dans une distillerie d'alcool de l'État du Mato Grosso do Sul. 9 000 enfants travailleraient aussi dans la culture du sisal (fibre servant à faire du cordage) autour de Santa Cruz.
3 millions d’enfants seraient actifs au Pérou. Des témoignages font état de petites domestiques astreintes au labeur dès l'aube, dormant à même le sol de la cuisine et souvent abusées sexuellement par les employeurs. Elles sont d'ailleurs renvoyées quand elles sont enceintes. De plus, les organisations de défense des droits de l'homme y ont décrit l'extraction de l'or par des centaines d'enfants indiens pauvres, de moins de quinze ans, dans des sites glaciaux à plus de 5 000 mètres d'altitude. Le minerai extrait est également trié par d'autres enfants, dans de grands lavoirs.
Au Guatémala 2,5 millions d’enfants travailleraient.
Au Venezuela, le BIT a évalué que 60 % des fillettes actives du pays sont domestiques.
En Haïti, 200 000 domestiques, dont les trois quart sont des filles, travaillent souvent jusqu'à dix-huit heures par jour. Le phénomène des restavek remonte à la colonisation. Les inégalités sociales et la pauvreté ont amené les familles les plus démunies à offrir leurs enfants à des familles urbaines censées plus aisées. Les parents espéraient une vie meilleure pour leur enfant. Aux yeux des familles d'accueil, les restavek sont des moins que rien. Ils sont battus et exclus de la vie familiale. Ils ne mangent pas la même nourriture que les autres et portent des habits déchirés. On estime qu’un domestique haïtien sur cinq serait d’ailleurs victime de mauvais traitements, y compris d'abus sexuels.
En Bolivie, des milliers de criaditas (littéralement " petits domestiques ") d'origine indienne sont envoyés des campagnes pour servir les familles riches. Ce sont les mêmes enfants mal nourris (mais qui mâchent des feuilles de coca pour résister à la fatigue) et très mal payés (environ 15 francs par jour), que l'on retrouve dans les mines de sel ou d'étain du pays, où ils taillent des blocs de minerai, remplissent des sacs et les portent sur le dos.
Au Mexique, l'essor industriel récent repose sur le développement de zones défiscalisées, où se sont implantées des usines qui produisent vêtements ou chaussures, pour de grandes marques nord-américaines en 1996, la CISL estimait le nombre de ces entreprises à plus de 2700 dans le pays. L'entrée en vigueur en 1994 de l'accord de libre-échange avec l'Amérique du Nord (ALENA) a dopé ce secteur, qui représente 30 % des exportations totales du Mexique, selon le BIT. Les emplois y sont pourvus par les populations pauvres les trois quarts des 676 000 ouvriers sont des femmes, mais on y voit couramment des mineures, que l'on retrouve aussi dans la sous-traitance à domicile.
Dans les maquilodoras du Honduras, les syndicats ont dénoncé la présence de jeunes ouvrières de confection de moins de quinze ans, payées l'équivalent d'un peu plus de 120 francs par semaine, pour des journées de travail supérieures à douze heures par jour.